BuSCA n°5 - 5 décembre 2019

 

 Éditorial 

 

Chers lecteurs,

Depuis notre premier BuSCA, nous avons à chaque numéro apporté des améliorations sur le format de présentation. Avec ce cinquième BuSCA, nous avons fait le choix de stabiliser la présentation du bulletin pour les mois à venir, et nous consacrer pleinement aux outils de veille et aux sources de données.

Hormis leur répartition en dangers biologiques ou dangers chimiques, les brèves vous sont présentées par un titre indiquant le lieu et la nature de l’événement, le danger et la matrice si cette dernière est connue. Ce BuSCA ne comporte pas de focus (“le point sur...”) ; nous mettons la priorité sur la validation de nos synthèses et mises en perspective et non sur une publication systématique. 

Nous vous souhaitons une bonne lecture !

 

 Les brèves 

 

Dangers biologiques

 

Europe (dont France), TIAC, Salmonella Mikawasima, matrice non identifiée

Une épidémie multi-pays à Salmonella Mikawasina est en cours dans cinq pays Européens dont la France. 190 cas étaient comptabilisés au 12 novembre dont la majorité au Royaume-Uni (138 cas). La France est le troisième pays touché avec 18 cas. Les analyses WGS (Whole Genome Sequencing) ont permis de suspecter le lien entre ces cas. La majorité des personnes n’a pas voyagé. Une source commune à distribution européenne est recherchée. Source ECDC (page 10-11).

USA, bilan annuel, cyclosporose

Deux épidémies estivales de cyclosporose aux Etats-Unis avaient été rapportées dans le BuSCA n°1, avec un total de 360 cas. Au total, pendant la saison des cas autochtones (mai à août), 2  408 cas ont été recensés aux Etats-Unis par le CDC, légèrement plus qu’en 2018 (2 299 cas). La source principale était du basilic, mais dans la majorité des cas elle n’a pu être déterminée. Le nombre de cas détectés avait été multiplié par quatre en 2017 par rapport à 2016, probablement suite à la diffusion d’une technique de PCR mulitiplex. En France, le diagnostic de cette parasitose n’est réalisée qu’en cas d’immunodépression sévère.

Monde, base de données ADN

250 scientifiques ont lancé un appel pour la création d’une base de donnée mondiale des séquences d’ADN de microorganismes (bactéries, virus et parasites). Des bases de données de ce type existent déjà aux USA (NCBI) et en Europe (ENA). L’apport du projet serait d’une part d’avoir une base de donnée globale et d’autre part d’être une base active, c’est-à-dire que le système rechercherait automatiquement les séquences équivalentes lors de la soumission d’une séquence. Source Food Safety News.

Pays-Bas & Belgique, TIAC, Listeria, rôti cuit

L’EFSA a publié une évaluation rapide (ROA) d’un épisode de listériose aux Pays-Bas et en Belgique. Il s’agit très certainement de l’épisode relaté dans le BuSCA n°1 (rôti de bœuf tranché). Les 21 cas sont datés entre octobre 2017 et août 2019. Il y a eu trois décès et une fausse couche. Les cas étaient génétiquement très proches (au plus trois allèles de différence basé sur la comparaison du core-genome [cg-MLST]) et la même souche a été retrouvée sur plusieurs échantillons du produit incriminé.

USA, TIAC, Hépatite A, mûres fraîches

Aux USA, 16 cas d’hépatite A survenus en octobre et novembre dernier ont été reliés à la consommation de mûres fraîches. Le distributeur est identifié mais on ne dispose pas d’informations sur la zone de production. Source FDA au 3/12.

Serbie, surveillance, dangers microbiologiques, baies / petits fruits

La Commission Européenne (DG SANTE) a réalisé en juillet 2019 un audit en Serbie sur le contrôle de la contamination microbiologique de petits fruits exportés vers l’UE. Annuellement, la Serbie exporte vers l’UE 100 000 tonnes de framboises, 34 000 tonnes de mûres et 2 000 tonnes de myrtilles. Les fruits sont exportés frais ou congelés. Depuis un précédent audit en 2013, le système de contrôle a été amélioré, cependant la transmission des informations vers le RASFF reste non-satisfaisante. Les contrôles mis en place par les importateurs compensent en partie le faible nombre de contrôles officiels.

  

Dangers Chimiques 

 

 

France, surveillance, Lubrizol

Deux mois après l’incendie de l’usine Lubrizol, L’ANSES a publié le 28 novembre un avis sur la surveillance à long terme des denrées alimentaires. L’ANSES recommande de privilégier les prélèvements de lait, d’œufs d’élevages plein-air, de poissons d’élevage, de légumes-racines de plein champ et d’ensilage de maïs. Les prélèvements devraient être réalisés dans la zone impactée par le panache et pendant un an. La contamination des sols doit aussi être mesurée. Les analytes à rechercher seront, selon les matrices : sept éléments traces métalliques, les dioxines et PCB, 6 hydrocarbures aromatiques polycycliques ainsi que les produits d’extinction de l’incendie.

 

Europe, évaluation, huiles minérales, alimentation infantile

L'EFSA a publié le 18 novembre une évaluation du risque associé à la présence d'hydrocarbures aromatiques d’huiles minérales (MOAHs) dans les laits infantiles. Cette évaluation fait suite à la publication du rapport Foodwatch (Cf. BuSCA n°3) ; elle s’appuie également sur les contre-analyses des industriels, des contrôles officiels et 798 analyses du réseau Specialized Nutrition Europe. L’EFSA conclut qu’en raison de la complexité des méthodes analytiques mises en œuvre, les niveaux d’exposition demeurent incertains et préoccupants, notamment du fait de l'absence d'information quant à la présence des composés les plus toxiques.

USA (cas), Vietnam (source), histamine, thon

La FDA rapporte 47 cas d’intoxications histaminiques entre le 8 août et le 15 octobre 2019. La source est du thon jaune (albacore) importé du Vietnam par Truong Phu Xanh Co., LTD. Ce thon était vendu congelé ou décongelé.

L’histamine est formée dans les aliments, à partir de l’histidine libre, en présence de bactéries spécifiques et si les conditions permettant leur croissance sont présentes. Les poissons sont les denrées majoritairement concernées (fiche danger). D’après les données Eurostat, il n’y a pas eu d’importation de thon en UE depuis le Vietnam en 2019.

Afrique du sud, surveillance, composés perfluorés, chaîne alimentaire d’estuaire

La présence de 15 types de PFAS (PFOA, PFOS…) a été recherchée dans différents compartiments de la chaîne alimentaire de deux estuaires sud-africains. Treize d’entre eux ont été détectés. L’acide perfluorooctanoïque (PFOA) était présent dans tous les échantillons. Dans le poisson, la concentration des PFAS était toujours inférieure au seuil de risque pour la consommation humaine. Source article scientifique.

 

Divers

 

Suisse, organisation

La Suisse présente son concept FRESIL ; système de détection précoce sécurité des denrées alimentaires. La veille est basée sur des séries temporelles et des informations sur des événements. Les signaux sont enregistrés, vérifiés et structurés de manière à pouvoir être évalués par un comité d’experts. Les chargés de veille font un premier tri des informations puis les transmettent à un conseil composé de représentants de l’industrie, de l’administration et des grandes écoles. Un bulletin mensuel est publié.

 

 Bilans 

 

  • Rapport annuel du laboratoire national de référence britannique sur Listeria, Staphylocoque à coagulase positive, Campylobacter, Salmonella et antibiorésistance
  • Rapport annuel du programme norvégien de surveillance des coquillages. Les dangers surveillés sont E. coli, Salmonella, les contaminants inorganiques et différents composés organiques persistants.

 

Ce bulletin est rédigé par l’équipe de veille de la Plateforme de surveillance de la chaîne alimentaire. Il n’engage pas les membres de la Plateforme.