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BuSCA n°132 - 5 mai 2025
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Éditorial
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Ce numéro du BuSCA présente un éventail de résultats récents issus de la surveillance sanitaire des aliments : contamination virale de végétaux et de produits de la mer, présence de résidus ou de néoformés dans des viandes, poissons, fromages et vins, ainsi que de nouvelles informations sur les STEC ou les phycotoxines. Les études couvrent différentes régions du monde et apportent des éclairages sur des pratiques de production, de cuisson ou de conservation variées. Bonne lecture !
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Étude
Grèce, norovirus et virus de l’hépatite A, aliments
Une étude menée en Grèce dresse le bilan de la surveillance officielle du virus de l’hépatite A et du norovirus dans la chaîne alimentaire, de 2019 à 2024. Au total, 266 échantillons d’aliments produits en Grèce ou importés ont été analysés. Dans les légumes (n = 138), le virus de l’hépatite A a été identifié dans quatre échantillons de tomates séchées importées de Turquie et deux échantillons d’okra (légume-fruit aussi appelé gombo) récoltés en Grèce. Parmi les 64 échantillons analysés pour la recherche de norovirus, deux échantillons de fraise, un échantillon de cerise et un condiment à base de tomates séchées étaient contaminés, tous produits en Grèce. Les auteurs soulignent la nécessité de renforcer la surveillance avec une vision intégrée de la chaîne alimentaire jusqu’aux cas cliniques humains pour ces virus, en particulier pour les produits récoltés à la main. Lien
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Étude
États-Unis, norovirus, huîtres
En Californie (États-Unis), les autorités sanitaires ont enquêté sur deux épidémies attribuables chacune à norovirus et d’autres virus entériques (sapovirus, rotavirus, astrovirus, adénovirus). Au total, 179 cas suspectés ou confirmés ont été signalés entre décembre 2023 et janvier 2024, après consommation d’huîtres crues récoltées au Mexique. Le premier foyer a été relié à une zone de récolte probablement contaminée par des eaux usées. Les huîtres associées au second foyer provenaient de diverses zones de récolte mais avaient été stockées dans le même plan d’eau naturel où a pu avoir lieu la contamination ; il s’agirait de la première épidémie de virus entériques associée à la pratique du stockage des huîtres en zone humide à être documentée. Lien
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Avis
France, STEC, aliments
L’Anses a mis à jour la fiche danger relative aux STEC transmissibles par les aliments, la précédente version datant de 2019. La mise à jour tient compte des évolutions récentes en termes d’évaluation de risque et notamment dans la classification des STEC : à présent les souches sont réparties en quatre groupes, en fonction de leur potentiel de virulence et de leur capacité à induire des formes cliniques sévères (syndrome hémolytique urémique [SHU] ou diarrhée sanglante). Le sérogroupe n’est plus considéré comme un critère de virulence des souches et le potentiel de virulence est à présent conditionné par la présence des gènes stx, responsables de la production des shigatoxines ainsi que des gènes eae ou aggR, impliqués dans l’adhésion des bactéries à la muqueuse intestinale. Les souches possédant les sous-types stx2a ou stx2d et les gènes eae ou aggR sont les plus à risque de provoquer un SHU. L’information sur le sérogroupe demeure cependant utile pour la surveillance. Lien
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Étude
France, néoformés, viandes de bœuf
Une étude a évalué la présence de contaminants néoformés dans 60 échantillons de viandes de bœuf, cuites selon des pratiques domestiques et professionnelles courantes en France. Parmi les 16 amines aromatiques hétérocycliques (AAH) recherchées, neuf étaient indétectables ou présentaient des niveaux en dessous des limites de quantification. Les concentrations des sept autres variaient en fonction du mode de préparation du bœuf. Les concentrations les plus élevées étaient observées dans les steaks hachés et le bœuf mariné cuits à la maison ainsi que dans les entrecôtes de restaurants. Les méthodes de cuisson « douce » qui limitent la formation de croûte, étaient associées aux concentrations les plus faibles. Il n’existe pas de seuil réglementaire pour les AAH contrairement aux hydrocarbures aromatiques polycycliques (HAP), lesquels étaient retrouvés à des concentrations inférieures au seuil de détection dans l’ensemble des échantillons. Lien
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Étude
Pologne, néoformés, viandes de porc
Une étude menée en Pologne a décrit les profils d’hydrocarbures aromatiques polycycliques (HAP) observés dans des échantillons de viandes de porc (longe, cou, lard), fumées selon des méthodes traditionnelles ou industrielles. Tous les échantillons étaient contaminés par au moins un des 16 HAP analysés. Toutefois, les produits fumés traditionnellement présentaient les concentrations les plus élevées, notamment dans le lard où la médiane pour la somme des HAP s’élevait à 52,71 µg/kg dans les produits traditionnels contre 0,46 µg/kg dans les produits industriels. Un échantillon (33,64 µg/kg) dépassait la teneur maximale autorisée pour la somme des quatre HAP réglementés (30 µg/kg). Dans l’ensemble des échantillons, la peau était la partie la plus contaminée et la concentration des différents composés diminuait généralement en se rapprochant du cœur de la viande. Lien
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Étude
Allemagne, mycotoxines, parmesan
Les fromages peuvent être contaminés par des spores de champignons aéroportées pendant l’affinage. Une étude en Allemagne sur les mycotoxines rapporte pour la première fois, d’après les auteurs, la présence de méthoxy-STC, un métabolite de la stérigmatocystine, dans du parmesan. Parmi neuf échantillons de parmesan de type grana analysés, sept étaient contaminés par ce métabolite à des concentrations comprises entre 0,13 et 0,77 µg/kg. L'espèce Aspergillus versicolor a été identifiée comme principal producteur de stérigmatocystine et méthoxy-STC dans les échantillons. De précédentes études ont rapporté des effets cytotoxiques et génotoxiques pour ce métabolite, suggérant pour certaines une meilleure biodisponibilité que celle de la stérigmatocystine du fait de la présence d’un groupement méthoxy. Lien
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Étude
Méditerranée, éléments traces et résidus de médicaments vétérinaires, crabes bleus
Une étude exploratoire menée en 2024 sur 18 crabes bleus (Callinectes sapidus) prélevés dans six zones méditerranéennes (Adriatique, Ionienne, Baléares, Golfe du Lion, Sardaigne, Égée) a montré des concentrations faibles en éléments traces réglementés, sans dépassement des teneurs maximales européennes pour le cadmium, le mercure ou le plomb. Un seul échantillon provenant de la mer Adriatique contenait les résidus de 12 antibiotiques, dont le chloramphénicol (17 µg/kg), interdit dans l’UE chez les animaux destinés à la consommation humaine. Aucun résidu n’a été détecté dans les 17 autres échantillons analysés. Lien
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Étude
Europe, TFA, vins
L’association « Générations futures » a publié une étude menée conjointement avec le Réseau européen d’action contre les pesticides (PAN Europe) qui documente la présence d’acide trifluoroacétique (TFA) dans 49 vins produits en Europe, dont 39 issus de millésimes récents (2021 - 2024) et dix de millésimes plus anciens (1974 - 2015). La concentration moyenne en TFA des millésimes récents s’élevait à 122 µg/L, atteignant 320 µg/L dans un vin blanc autrichien. Pour les millésimes plus anciens, les concentrations étaient inférieures au seuil de détection jusqu’en 1982 puis comprises entre 13 et 40 µg/l de 1988 à 2015. Les résultats suggèrent une augmentation des concentrations en TFA dans les vins, bien qu’un seul échantillon par année ait été analysé pour les millésimes anciens. Les vins les plus contaminés en TFA présentaient également les concentrations en pesticides les plus élevées. Lien Le TFA est notamment un métabolite de plusieurs produits phytosanitaires comportant un groupement trifluoro. Il fait partie de la liste des 34 substances PFAS recherchées dans les eaux destinées à la consommation humaine pour la campagne exploratoire 2023 - 2026 menée par le LNR de Nancy en France, conformément aux recommandations de surveillance au niveau européen. Lien
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Étude
Égypte, résidus de pesticides, légumes
En Égypte, plus de 6 500 échantillons de légumes ont été prélevés au stade de la distribution en 2022 dans le cadre des contrôles officiels des résidus de pesticides. Des dépassements des LMR européennes ont été observés principalement dans les tomates (4,96 %, 13/262), carottes (4 %,1/26) et poivrons (2,88 %, 6/208). Des substances interdites en Europe ont également été détectées : par exemple le chlorprophame était retrouvé dans 40 % (93/234) des pommes de terre, le chlorpyrifos dans 35 % des carottes (9/26), ou encore le carbendazime dans 10% des oignons (17/169). Lien A titre informatif, 1 873 tonnes de tomates ont été importées depuis l’Égypte vers l’UE en 2024, d’après les données EUROSTAT.
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Étude
Chine, dioxines et PCB, produits d’origine animale
Une étude en Chine rapporte les profils de contamination en dioxines et PCB de 458 échantillons de viandes, poissons et œufs prélevés dans 12 provinces, entre 2019 et 2021. La concentration pour la somme des PCDD, PCDF et PCB de type dioxine, exprimée en équivalent toxique, était la plus élevée dans le foie de porc (médiane: 1,379 pg/g, max : 13,921 pg/g), dépassant le seuil réglementaire autorisé dans l’UE (0,50 pg/g). La viande de porc présentait des concentrations beaucoup plus faibles (médiane : 0,047 pg/g) et inférieures au seuil réglementaire (1,25 pg/g). Les concentrations les plus élevées pour les PCB de type non-dioxine (médiane : 632 pg/g) et PBDE (médiane : 799 pg/g) étaient mesurées dans la viande de bœuf. Les poissons étaient principalement contaminés par des PCB de type non-dioxine avec des profils de contamination homogène chez les espèces marines, reflet de la contamination globale de l’eau. A l’inverse, les profils de contamination des poissons d’eau douce étaient plus hétérogènes, probablement en lien avec des sources de contamination plus localisées. Lien
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Bilan
France, phycotoxines, surveillance
En France, la surveillance nationale des phycotoxines réglementées dans les mollusques bivalves est opérée à la fois au niveau des zones littorales de production par l’Ifremer (réseau REPHYTOX) et au stade de la distribution par la DGAL (dispositif PSPC). Entre 2021 et 2022, près de 3 500 prélèvements annuels ont été réalisés sur les différents littoraux. Pour les toxines lipophiles, des dépassements des seuils réglementaires ont principalement été observés dans le sud de la Bretagne, avec les plus fortes concentrations mesurées dans les tellines (Donax trunculus). Concernant les toxines amnésiantes, des dépassements ont été observés en Bretagne, Normandie et Charentes, principalement dans les coquilles St-Jacques. Aucun épisode toxique lié aux toxines paralysantes n’a été relevé. Sur cette même période, environ 440 prélèvements annuels ont été effectués dans le cadre des PSPC et seulement deux dépassements des seuils ont été identifiés pour des toxines lipophiles dans des moules en provenance d’Espagne. Lien
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Avis
France, résidus de pesticides, surveillance
En 2021, l’Inserm a publié une expertise collective dans laquelle plus de 5 300 documents ont été examinés afin d’évaluer les liens entre exposition aux pesticides et développement de pathologies chez l’Homme. Ces résultats ont été croisés avec des données sur les usages phytopharmaceutiques et la toxicité des différents pesticides issues du réseau de phytopharmacovigilance animé par l’Anses. Lien Des problématiques sanitaires ont été identifiées pour les organophosphorés et les pyréthrinoïdes. Ces derniers sont associés notamment à des effets néfastes sur le neurodéveloppement des jeunes enfants en cas d’exposition prénatale. L’Efsa a également été alertée à propos des effets néfastes du malathion, un composé organophosphoré interdit en France mais en voie de ré-examen au niveau européen. L'Anses insiste sur la nécessité de disposer d’informations sur les usages réels des produits phytopharmaceutiques pour améliorer l'interprétation des données épidémiologiques. Lien
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