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BuSCA n°117 - 2 août 2024
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Éditorial
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Le bulletin de la Plateforme de surveillance de la chaîne alimentaire (SCA) vous informe des actualités des trois dernières semaines sur la sécurité sanitaire des aliments. Parmi les points saillants, deux épidémies de listériose ont été signalées en Amérique du Nord, liées à des boissons végétales réfrigérées et à des saucisses de foie. En lien avec les effets du changement climatique, vous trouverez également deux brèves sur le risque de vibriose associé à la consommation de produits de la mer et une brève relative à l’augmentation des cas de cryptosporidiose en Espagne. L’équipe du BuSCA prend une pause estivale et sera de retour début septembre. Bel été !
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Évènement
Canada, Listeria monocytogenes, boissons végétales
Au Canada, des boissons végétales réfrigérées sont à l’origine d’une épidémie de listériose responsable de 12 cas signalés entre août 2023 et juillet 2024, dont huit cas survenus en juin 2024. Deux personnes sont décédées. Les lots suspectés ont fait l’objet d’un rappel par l’entreprise, ce 8 juillet. Lien
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Évènement
États-Unis, Listeria monocytogenes, charcuteries
Une épidémie de listériose est en cours aux États-Unis avec 34 cas signalés par 13 États au 26 juillet 2024, dont deux décès. Des saucisses de foie tranchées en supermarché ont été identifiées comme la source probable de l’épidémie. L’entreprise concernée a procédé au rappel de plusieurs lots de produits carnés en attendant que la source soit confirmée par les enquêtes. Lien
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Étude
Royaume-Uni, Salmonella spp. et STEC, farines et pré-mélanges pour pâtisserie
Au Royaume-Uni, 882 échantillons de farines et pré-mélanges pour pâtisserie disponibles à la vente ont été collectés par les autorités sanitaires en 2020, puis testés pour la présence de microorganismes. Des concentrations d’E. coli supérieures à 20 CFU/g ont été décelées dans 68 échantillons (7,7 %) tandis que la présence de STEC a pu être confirmée dans 7 échantillons (0,8 %). Un seul échantillon de mélange pour pancakes était contaminé par une souche de Salmonella Newport, génétiquement proche d’une souche clinique isolée en 2019. Les auteurs rappellent que de nombreuses agences sanitaires préconisent d'éviter la consommation de farines ou pâtes à biscuit crues. Lien
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Étude
Espagne, Campylobacter spp., chaîne alimentaire
Une étude s’est appuyée sur des données collectées par l’agence sanitaire espagnole AESAN entre 2015 et 2020 afin d’identifier les points critiques dans la surveillance de Campylobacter le long de la chaîne alimentaire. L’analyse à l’aide d’un algorithme (random forest) a montré que la variable la plus importante pour prédire la présence de Campylobacter était la matrice, suivie de la région et du maillon. Les plus fortes probabilités de contamination concernaient les filières avicole et ovine au niveau des maillons suivants : abattoir, transformation, distribution, puis les filières bovine et porcine, au stade de l’abattoir. Lien
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Étude
États-Unis, Salmonella spp., produits carnés
Aux États-Unis, il est estimé que 40 % des cas annuels de salmonellose sont liés à la consommation de produits carnés. Dans ce contexte, une étude a proposé une approche méthodologique permettant de prioriser les sérotypes de Salmonella en fonction de la charge de morbidité et de l’évolution temporelle des épidémies associées à ces produits. Les données de 192 épidémies de salmonellose responsables de plus de 7 000 cas, enregistrées entre 2012 et 2021 aux États-Unis, ont permis d’identifier les couples sérotypes-matrices prioritaires suivants : Enteritidis, Infantis et Blockley pour la filière poulet de chair, Enteritidis et Reading pour la filière dinde et enfin Newport et Dublin pour la filière bovine. Lien
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Étude
Chine, Vibrio alginolyticus, poissons
En Chine, des chercheurs ont caractérisé la contamination par Vibrio alginolyticus de 129 échantillons de poissons prélevés auprès de plusieurs points de vente et restauration en 2020. La quasi-totalité d’entre eux était contaminée (128/129) et 95 % (122/128) des isolats présentaient une résistance à au moins un des 12 antibiotiques testés, majoritairement à l’ampicilline (94 %). Lien Selon l’Efsa, l’espèce V. alginolyticus demeure à ce jour rarement impliquée dans des cas de vibriose d’origine alimentaire en Europe, en comparaison de l’espèce prédominante V. parahaemolyticus. Lien
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Bilan
Espagne, Cryptosporidium spp., eaux de distribution
En 2023, 4 061 cas confirmés de cryptosporidiose ont été signalés auprès du centre national d’épidémiologie (CNE) en Espagne. Ce chiffre constitue une augmentation d’un facteur 6 de l’incidence de cette maladie en comparaison avec la période 2016-2022. Près de 85 % des cas ont été rapportés entre juin et octobre et concernaient en majorité des enfants âgés de 1 à 4 ans. Seuls 355 cas ont pu être reliés à un foyer épidémique dont le plus conséquent avait pour origine la consommation d’eau du réseau de distribution (69 cas). La plupart des foyers restants ont été reliés à la baignade dans des piscines publiques. Cette augmentation pourrait s’expliquer par la combinaison d’épisodes pluvieux et de fortes vagues de chaleur au cours de l’été 2023. Lien
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Avis
Europe, Vibrio spp., produits de la mer
En raison du réchauffement côtier, les experts prévoient une augmentation mondiale de la présence de Vibrio spp. dans les produits de la mer, notamment dans les eaux à faible salinité. Dans un récent avis, l’Efsa a identifié les espèces V. parahaemolyticus, V. vulnificus et V. cholerae non-O1/non-O139 comme pertinentes à surveiller du fait de leur présence dans les fruits de mer consommés en Europe. Une analyse des données de la littérature publiée entre 2000 et 2022 a montré que l’espèce V. parahaemolyticus était la plus fréquemment détectée, avec des prévalences élevées pour les mollusques bivalves (27,8 % ; IC95 : 18,6-39,5) et les gastéropodes (ormeaux, bigorneaux, conques) (28,8 % ; IC95 : 10,5-58,3). L’agence incite notamment à établir une déclaration obligatoire pour les cas de vibriose au niveau européen. Lien
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Dangers biologiques et chimiques
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Bilan
France, contaminants microbiologiques et chimiques, mollusques bivalves
L’Ifremer a publié Ies résultats 2023 de l’estimation de la qualité microbiologique (Réseau REMI) et chimique (Réseau ROCCH) des zones de production de coquillages dans le Morbihan. Pour la surveillance microbiologique, 718 prélèvements ont été réalisés. Au total, 143 alertes entraînant des prélèvements supplémentaires ont été déclenchées dans le département, soit deux fois plus qu’en 2022. Cependant il s’agit en majorité d’alertes préventives (n=86) en raison d’incidents sur les réseaux d’assainissement survenus au cours des épisodes pluvieux de l’automne. Sur les 53 zones suivies, 21 ont été déclassées du fait de concentrations en E. coli élevées, dont une zone interdite de récolte. Toutes les zones conchylicoles respectaient la qualité chimique requise, y compris en ce qui concerne les PFAS nouvellement ajoutés depuis 2023. Lien
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Étude
Allemagne, cadmium, blés et seigles
En Allemagne, des données de concentration en cadmium dans les blés (Triticum aestivum) et les seigles (Secale cereale) ont été collectées depuis 1975, au niveau national. Les concentrations moyennes mesurées jusqu’en 2021 oscillaient entre 31 et 64 µg/kg pour les blés et entre 6 et 23 µg/kg pour les seigles. Environ 3 % (111/3 767) des échantillons de blé et 1,7 % (34/2 032) des échantillons de seigle dépassaient les valeurs réglementaires européennes actuelles (blé : 100 µg/kg ; seigle : 50 µg/kg). Si les concentrations en Cd sont demeurées stables pour les seigles, une tendance générale à la baisse a été observée pour les blés. Selon les auteurs, elle pourrait s’expliquer par une réduction de l’emploi d’engrais phosphatés et une diminution des émissions atmosphériques de Cd liées au trafic et aux industries. Lien
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Étude
Turquie, mycotoxines, produits de la ruche
Des chercheurs ont réalisé des analyses de mycotoxines (aflatoxines, fumonisines, citrinine et zéaralénone) dans 112 produits de la ruche prélevés en Turquie auprès d’apiculteurs, en 2021. Les mycotoxines les plus fréquemment détectées étaient l’aflatoxine B2 dans le miel (16/28) et dans la propolis (16/28), la fumonisine B1 dans le pollen (11/28) et la zéaralénone dans la gelée royale (18/28). Dans l’ensemble des produits apicoles et particulièrement la propolis et le pollen, les auteurs rapportent un taux de détection plus élevé pour l’aflatoxine B2 (37 %) que B1 (12 %), ce qui va à l’encontre des observations habituelles. Lien D’après l’Efsa, l’AFB1 est l’aflatoxine la plus fréquemment retrouvée dans les aliments et les autres aflatoxines sont généralement absentes lorsque celle-ci n’est pas détectée. Lien
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Étude
Canada, acrylamide, produits à base de pommes de terre et patates douces
Une étude au Canada s’est intéressée à l’évolution des concentrations en acrylamide mesurées dans les produits transformés à base de pommes de terre et patates douces, proposés à la vente entre 2002 et 2020. Les concentrations observées dans les chips variaient fortement selon les marques et les lots (57 à 4 660 ng/g). Elles étaient les plus élevées dans les chips de patates douces, possiblement en raison des plus fortes teneurs en sucre. Dans les chips de pommes de terre, elles ont diminué entre 2009 et 2016 (504,3 ng/g) par rapport à la période 2002-2008 (1096,9 ng/g). Des observations similaires ont été faites pour les frites. Ces résultats reflètent des changements de pratique mis en place par les industriels au niveau des procédés de transformation. Lien
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Étude
États-Unis, plomb, compotes pour enfants
En 2023, des analyses de routine avaient révélé des taux élevés de plomb (>5 µg/dL) dans le sérum d’enfants de différentes familles en Caroline du Nord, déclenchant une enquête à domicile. Par la suite, la FDA avait identifié la présence de chromate de plomb dans la cannelle importée d’Équateur et utilisée dans des compotes consommées par ces enfants. Il s’en était suivi un rappel massif des produits incriminés (BuSCA 100). Depuis, les CDC se sont coordonnés pour rassembler les résultats des teneurs en plomb mesurées dans le sérum des enfants de 1 à 2 ans sur le territoire national. En mars 2024, ils identifiaient au moins 519 cas d’exposition élevée (>3,5 µg/dL), dont 136 cas qui ont pu être reliés à la consommation de ces compotes. Lien
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Étude
Monde, ochratoxine A, alimentation infantile
Une revue systématique de la littérature menée sur la période 2002-2020 a examiné les concentrations en ochratoxine A (OTA) dans les préparations pour nourrissons et les aliments à base de céréales. Sur 24 études identifiées, l’OTA était détectée dans 29,3 % (980 / 3 348) des échantillons, avec des concentrations moyennes dépassant parfois la limite réglementaire de 0,50 µg/kg établie par l'UE, en Tunisie, en Équateur, aux États-Unis et en Afrique, notamment dans les céréales pour nourrissons. Lien
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Avis
Europe, tétrabromobisphénol A, alimentation humaine
L’Efsa a publié une mise à jour de son avis de 2012 sur l'évaluation des risques liés au tétrabromobisphénol A (TBBPA) et ses dérivés dans les aliments, motivée par la disponibilité de nouvelles études toxicologiques. L'évaluation de l'exposition alimentaire au TBBPA a reposé sur des résultats analytiques (n=2 958) obtenus entre 2011 et 2021 : les aliments les plus contaminés étaient les poissons et fruits de mer, avec des niveaux particulièrement élevés trouvés dans le foie de poisson (13 µg/kg), la chair de perche océanique (2,87 µg/kg) et celle de colin (1,73 µg/kg). L'exposition alimentaire chronique au TBBPA pour la population européenne estimée était inférieure à la dose journalière tolérable (0,7 µg/kg pc/j) et ne présentait pas de risque préoccupant pour la santé publique. L’agence recommande la collecte de données supplémentaires sur la présence de ces retardateurs de flamme dans le lait maternel et les aliments pour nourrissons. Lien
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