BuSCA n°26 - 8 octobre 2020

 

Éditorial

 

Chers lecteurs,

 

Le BuSCA a un an ! Vous avez été nombreux depuis le premier numéro à nous faire part de vos remarques, de vos suggestions et de vos encouragements, et nous vous en remercions. Nous célébrons ce premier anniversaire en offrant à notre bulletin une visibilité élargie avec la mise en production du site web de la Plateforme SCA. Vous y retrouverez les 25 numéros précédents ainsi que les Points sur.

Bonne lecture, et bonne visite sur notre site : https://www.plateforme-sca.fr

 

 

Dangers biologiques

 

Évènement

Espagne (cas) et Turquie (origine), norovirus, mollusques bivalves

Les autorités espagnoles ont notifié au RASFF le 14/09/2020 un épisode de toxi-infection alimentaire dû à un norovirus, suite à la consommation de mollusques bivalves Donax trunculus (telline, olive de mer). Ces coquillages avaient été importés congelés de Turquie. Lien

Évènement

USA (cas) et Chine (origine), Salmonella Stanley, champignons

Aux USA, un épisode de salmonellose à S. Stanley est en cours d’investigation. Quarante-trois cas ont été recensés dans dix États. La source est du kikurage, un champignon noir séché utilisé dans la cuisine japonaise et importé de Chine. Lien

 

Suivi

Canada (cas) et USA (origine), Salmonella Newport, oignons

L’important épisode de salmonellose à S. Newport qui a touché cet été les USA et le Canada (BuSCA n°22) a été clos par les autorités canadiennes le 01/10/2020. Il est confirmé que la source était des oignons rouges produits aux USA. Au total, 515 cas ont été confirmés au Canada. Les symptômes se sont déclarés entre la mi-juin et la mi-août 2020. L’épisode n’est pas encore officiellement clos aux USA, où 1 012 cas ont été confirmés. Lien

Bilan

Allemagne, toxi-infections alimentaires

Les autorités de santé publique allemandes (BVL et RKI) ont publié le 29 septembre leur rapport annuel sur les toxi-infections alimentaires collectives (TIAC) survenues dans le pays. En 2019, 402 TIAC ont été signalées. Un total de 1 970 cas dont 385 hospitalisations et cinq décès sont liés à ces épisodes. Comme les années précédentes, les dangers les plus fréquemment identifiés ont été Campylobacter spp. et Salmonella spp. Les couples danger / matrice les plus fréquemment identifiés étaient Salmonella Enteritidis / œufs et produits à base d'œufs puis Campylobacter spp. / lait cru, histamine / thon et Salmonella Typhimurium / saucisse crue. Lien

Bilan

Europe, maladies transmissibles par les aliments

L’ECDC a publié le 29 août son rapport épidémiologique annuel pour 2019. Concernant les maladies transmises par les aliments et l’eau, 88 enquêtes urgentes ont été initiées dans le système EPIS-FWD (Epidemic intelligence information system for food- and waterborne diseases). Les dangers les plus fréquemment en cause étaient Salmonella (44 % des enquêtes), Listeria (23 %) et Escherichia coli producteurs de shigatoxines (STEC, 12 %). Lien

 

Dangers biologiques et chimiques 

 

Bilan 

Europe, contaminants biologiques et chimiques, aliments

Le rapport 2019 du Rapid Alert System for Food and Feed (RASFF) a été publié le 8 octobre 2020. Au total, 4 118 notifications ont été communiquées par les États membres à la Commission européenne. Il s'agit d'une légère augmentation par rapport à 2018. Les notifications classées comme "alertes", indiquant un risque grave pour la santé, ont été au nombre de 1 175. Les aflatoxines dans les noix sont restées, comme en 2018, le problème le plus fréquemment signalé aux frontières de l'UE. Les notifications concernaient des produits alimentaires (89,5 %), des aliments pour animaux (6 %) et des matériaux en contact avec les denrées alimentaires (4,5 %). Lien Le fonctionnement du RASFF est décrit dans un Point Sur à la fin de ce bulletin.

 

 

Dangers chimiques 

 

Évènement 

Belgique, polluants organiques persistants, chaîne alimentaire

En Belgique, la surveillance des contaminations chimiques autour des « broyeurs à métaux » (usines de recyclage) fait l’objet d’une attention particulière. Un premier signalement d’importantes émissions atmosphériques en PCB dans la région de Courcelles avait été rapporté dans le BuSCA  n°15. Une surveillance a également été mise en place à Obourg (également dans la province de Hainaut). Les analyses réalisées ont montré les effets conjugués de deux réalités bien distinctes : une pollution historique et un rejet plus récent de poussières contenant des PCB. En ce qui concerne l'impact sur la chaîne alimentaire, les analyses menées par l’Agence fédérale pour la sécurité de la chaîne alimentaire (AFSCA) sur du fourrage, du lait et du beurre produits dans un rayon de 1,5 km autour du site de broyage de Courcelles ne montrent aucun dépassement de normes de contamination en polluants organiques persistants (POPs). À Obourg, des PCB ont été détectés dans des aliments pour bétail issus de deux exploitations agricoles, lesquelles ont été fermées temporairement. Des investigations supplémentaires sont en cours. Lien

Étude

Suède, méthylmercure, poissons

L’évolution de l’exposition de la population suédoise au méthylmercure (MeHg) sur une période de 23 ans a été évaluée par biomonitoring. Le mercure total (Hg), fortement corrélé au MeHg, a été recherché dans les cheveux de 655 femmes primipares. La concentration médiane de Hg total dans les cheveux était de 0,38 mg/kg (de 0,17 à 1,50) en 1996 et de 0,25 mg/kg (0,03 à 1,10) en 2019, cette concentration apparaissant liée au niveau de consommation de poisson des individus. Bien qu'ayant initialement augmenté entre 1996 et 2011,cette consommation est en diminution sur la dernière décennie, ce qui pourrait expliquer partiellement la décroissance de l'imprégnation. Néanmoins, d'autres facteurs peuvent être intervenus. Une des hypothèses avancées est l'augmentation de la consommation de saumon d'élevage, moins contaminé en méthylmercure que les poissons sauvages. Lien

Bilan

Espagne, produits phytosanitaires, produits végétaux

Le gouvernement espagnol a publié son rapport annuel 2019 sur la surveillance de la chaîne alimentaire. Concernant le contrôle de l’utilisation de produits phytosanitaires interdits ou non-autorisés, 1 250 échantillons de 71 types de produits végétaux différents ont été analysés (hors vente directe). Des produits non autorisés ont été détectés dans 27 échantillons (2,2 %) et des produits interdits dans cinq d’entre eux (0,4 %). Les substances en cause ne sont pas nommées. Lien

 

Point sur le RASFF, le réseau d’alerte rapide européen pour l’alimentation humaine et animale

 

Les notifications du RASFF – Rapid Alert System for Food and Feed - viennent régulièrement étayer la description des évènements dans les BuSCA. Nous faisons ici le point sur les objectifs, le fonctionnement, les intérêts et les limites de ce réseau .

 

Un outil européen au service des États membres

 

Le RASFF a été conçu par la Commission européenne en 1979 et a été structuré dans sa forme actuelle en 2002 par le règlement (CE) n° 178/2002 qui en a déterminé la base juridique et officialisé ses procédures. Il a depuis lors fait circuler l’information sur les risques sanitaires liés aux aliments, d’abord par téléphone, puis par télex, par fax et enfin grâce à des applications dédiées (Lien). Chaque État membre est intégré au réseau, par l’intermédiaire de ses autorités sanitaires qui sont les points de contact pour le pays (la DGAL et la DGCCRF pour la France). L’Efsa et quatre pays associés (Norvège, Islande, Suisse et Liechtenstein) sont également membres. Les États sont les fournisseurs d’information tandis que la Commission européenne fournit l’infrastructure technique, vérifie la complétude des données et informe, le cas échéant, les pays tiers et le réseau INFOSAN (équivalent du RASFF au niveau mondial).

 

L’objectif premier du RASFF est de faciliter la circulation de l’information entre les autorités des États membres en charge de la sécurité sanitaire des aliments (et avec les pays tiers). Le point de contact d’un membre notifie une information sur le RASFF lorsqu’au moins un autre pays membre est concerné par l’événement. Cette déclaration est une obligation. Plusieurs cas de figure peuvent justifier une notification : 

  • Demander des informations au pays d’origine d’un produit,

  • Informer du risque un pays destinataire des produits incriminés,

  • Informer un pays d’origine des produits incriminés pour qu’il informe ensuite l’ensemble des pays destinataires de ces produits.

 

Le périmètre du RASFF comprend tous les risques pour la santé humaine ou animale liés aux aliments destinés à la consommation humaine, aux aliments pour animaux et aux matériaux en contact avec les aliments. Les événements peuvent avoir été détectés lors d’un contrôle aux frontières, à l’occasion d’un contrôle officiel, suite à un autocontrôle d’un opérateur, à une plainte d’un consommateur ou suite à une intoxication ou infection d’origine alimentaire.

 

 

 

 

Les deux principaux types de notification sont :

  • l’alerte, émise quand l’aliment est présent sur le marché et qu’une action immédiate est requise (retrait, rappel…),

  • le rejet aux frontières pour lequel l’information est diffusée au cas où le l’aliment serait présenté à un poste de contrôle frontalier (PCF) d’un autre pays membre.

 

Un manuel de procédures décrit les cas où la notification est obligatoire et dans quelle catégorie classer une notification. Ces procédures sont régulièrement mises à jour ; par exemple, il a été décidé il y a quelques années que les notifications liées à un mode de consommation qui n'est pas celui attendu pour un produit (par exemple la consommation de viande de cheval crue), et pour lequel il n’y a pas de critère de sécurité, seront déclarés comme « News ». Enfin, même si les notifications sont obligatoires, il peut y avoir des différences dans l’utilisation du RASFF entre les membres ; un parlementaire européen a ainsi signalé en juillet 2019 que, selon ses informations, le RASFF n’était pas opérationnel en Roumanie.

 

Les niveaux d’accès à l’information

 

Le RASFF permet différents niveaux d’accès à l’information. Les utilisateurs enregistrés (agents DGAL et DGCCRF pour la France) ont accès à l’ensemble des informations. Le grand public a quant à lui accès à une partie de ces informations par le RASFF portal : pour des raisons de confidentialité, les notifications détaillées avec les noms des opérateurs concernés, les comptes rendus d’analyse de laboratoire ansi que les notifications de type News ne sont pas visibles sur le site public.

À noter qu’en France, les agents des services départementaux et régionaux de l’État ont uniquement accès au site grand public. Certaines informations susceptibles de figurer dans des documents partagés sur le RASFF peuvent ne pas avoir vocation, en raison de leur caractère privé, à être diffusées en dehors des services officiels. Afin d’éviter tout incident, les opérateurs sont donc invités, lorsqu’ils transmettent des documents à une autorité, à y supprimer tout élément qui ne serait pas indispensable à l’enquête (les prix par exemple).

Enfin, la Commission européenne a ouvert en 2014 un « portail des consommateurs » (Lien). Il s’agit d’une présentation simplifiée des informations disponibles sur le portail public : la sélection par pays est facilitée, l’affichage est limité aux notifications des quatre dernières semaines. L'information nouvelle par rapport au portail général est, quand il est disponible, un lien vers une page extérieure sur les rappels de produits. Au final, l’intérêt de ce portail semble plutôt limité pour un consommateur: il n’y trouvera pas les rappels ne concernant que son pays, car ils ne sont pas déclarés au RASFF. Les rappels nationaux concernant la distribution sont en effet actuellement diffusés sur le site de la DGCCRF. Un nouveau site gouvernemental impliquant la DGCCRF, la DGAL et deux directions du ministère chargé de l'environnement (DGPR et DGEC) complétera bientôt ce dispositif.

 

Le RASFF comme outil de surveillance ?

 

Plusieurs milliers de notifications sont effectuées chaque année au RASFF (3 699 en 2018, 4 118 en 2019). Ces notifications constituent une source de données structurées de premier ordre. Ces données sont compilées chaque année par la Commission européenne dans un rapport annuel. Ce rapport dresse un panorama précis de l’activité du réseau par pays, par matrice et par danger. Cependant, les statistiques que l’on peut faire avec ces données sont à appréhender avec précaution. En effet, le RASFF est un outil de gestion et non de surveillance ; l’information présente donc des limites, notamment celle que seuls les événements concernant au moins deux pays sont déclarés : le RASFF n’est pas une base de données ayant vocation à intégrer tous les événements liés à la sécurité sanitaire des aliments en Europe. Par ailleurs, les notifications sont en grande partie issues des plans de surveillance et de contrôle (PSPC) et des contrôles aux frontières mis en œuvre en application de la réglementation de l’Union européenne. Les statistiques sur les matrices et les dangers les plus fréquemment à l’origine de notifications sont donc influencées par les orientations données à ces contrôles. La part des autocontrôles dans l’origine des notifications est par ailleurs différente suivant les membres ; elle est de 52 % en France alors qu’elle n’est que de 23 % pour l’ensemble du RASFF (Figure 1). Un autre point à prendre en compte, souligné par la Commission elle-même, est le fait qu’un pays soit signalé comme « Origine » ne signifie pas que le danger identifié provient de ce pays ; cela signifie seulement que le produit y a été fabriqué ou bien qu’il a été distribué à partir de ce territoire.

 

Figure 1: Origine des notifications RASFF (France vs. ensemble des membres - 01/01/2020 au 05/10/2020)

 

 

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Ce bulletin est rédigé par l’équipe de veille de la Plateforme de surveillance de la chaîne alimentaire. Il n’engage pas les membres de la Plateforme.

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