BuSCA n°25 - 24 septembre 2020

 

Éditorial

 

Chers lecteurs,

Vous trouverez dans ce vingt-cinquième BuSCA un grand nombre d’avis et bilans ; concernant les contaminants chimiques, plusieurs avis en Europe et aux USA soulignent l’importance de la surveillance des PFAS dans les aliments,

Bonne lecture

 

Dangers biologiques

 

Évènement 

Allemagne, virus de l’hépatite A, fraises congelées

En Allemagne, 65 cas d’hépatite A causés par une même souche de virus ont été détectés entre octobre 2018 et janvier 2020. Il s’agissait de la souche qui avait causé une épidémie en Autriche et en Suède en 2018 suite à la consommation de produits contenant des fraises congelées. L’enquête épidémiologique a montré que les cas allemands étaient aussi liés à la consommation de gâteaux aux fraises, et que le producteur de ces gâteaux avait le même fournisseur, en Egypte, que celui à la source des cas autrichiens et suédois.  Une analyse phylogénique a établi un lien entre cette souche et des souches isolées en Egypte, entre autres dans des eaux usées.

Étude

Suisse, STEC, méthodes de diagnostic

En Suisse, les notifications de cas humains d’infection par STEC ont augmenté fortement ces dernières années, passant de moins de 25 entre 2007 et 2010 à plus de 400 en 2016. Une analyse rétrospective a montré que cette augmentation avait été concomitante de l’introduction de la PCR comme méthode de diagnostic de routine. L’introduction de la PCR  s’est accompagnée d’une part d’une multiplication par sept du nombre de tests réalisés entre 2007 et 2016, d’autre part d’une augmentation du taux de positivité, qui est passé de 0,8 % en 2007 à 1,7 % en 2016. Les auteurs soulignent l’importance des métadonnées, en particulier les informations sur les tests utilisés, pour analyser de telles séries temporelles. Lien

Bilan

Suède, maladies transmissibles par les aliments

L’institut national vétérinaire suédois vient de publier son bilan 2019 pour les maladies infectieuses. Concernant les agents pathogènes transmis par les aliments, la tendance à l’augmentation des cas de listériose a été confirmée, avec 113 cas en 2019 contre 89 en 2018. Les principales sources déterminées étaient du poisson fermenté norvégien, du poisson fumé estonien et du fromage au lait cru français. Lien

Bilan

Autriche, maladies transmissibles par les aliments

L’agence autrichienne en charge de la sécurité sanitaire des aliments (Ages) vient de publier son rapport 2019 sur les cas groupés de maladies transmises par les aliments. Le nombre d’événements a très fortement baissé depuis 2006, passant de 609 à 48 en 2019 (pour un total de 793 cas). Les deux principaux agents pathogènes impliqués étaient, en 2019, Campylobacter (22 événements) et Salmonella (17 événements). Lien

Bilan

Chine, maladies transmissibles par les aliments

De 2003 à 2017, 19 517 cas groupés de maladies transmissibles par les aliments ont été notifiés en Chine. Ces événements totalisent 235 754 cas, 107 470 hospitalisations et 1 457 décès. Le danger en cause a été identifié pour les deux tiers des événements. Les plus fréquents étaient les champignons venimeux (32 % des événements), Vibrio parahaemolyticus (11 %), les saponines (8 %), Salmonella (7 %), les nitrites (6 %), les pesticides (5 %), Staphylococcus aureus (4 %) et Bacillus cereus (3 %). Lien

 

Dangers chimiques 

 

Événement 

Italie, oléandrine, lait

L’oléandrine est un glycoside et le principal composé toxique du laurier rose. Suite à un épisode d’intoxication aiguë d’un troupeau italien de 50 vaches laitières, ayant entraîné la mort de 13 d’entre elles, ce composé a été détecté pour la première fois dans le lait (1,25 ng/mL) et le fromage (0,82 ng/mL), à des niveaux similaires à ceux retrouvés dans le sang des animaux. Ces résultats interrogent sur le risque potentiel pour les consommateurs et les auteurs concluent à l’intérêt d’une étude sur la cinétique d’excrétion de l’oléandrine dans le lait de vache. Lien

Événement 

Philippines, toxines paralysantes des coquillages, mollusques bivalves

Aux Philippines, deux enfants de cinq et onze ans sont décédés suite à la consommation respectivement de moules et de nacres. Dans la région, un important bassin de production myticole est actuellement touché par une prolifération de microalgues formant une “marée rouge". Ces microalgues sont susceptibles de produire des toxines paralysantes qui s’accumulent dans les mollusques bivalves. Lien

Étude

France, anatoxine-A, figues de mer

Les figues de mer (violets) sont des animaux filtreurs consommés en méditerranée septentrionale. De 2011 à mars 2018, 26 cas d’intoxication après leur consommation ont été rapportés en France. Les symptômes étaient ceux d’un syndrome cérébelleux (troubles de la vision, ataxie, crampes musculaires, paresthésies, troubles digestifs, etc.). Trois de ces intoxications ont fait l’objet d’une étude alimentaire approfondie dans laquelle des anatoxines-a (ATX-a) ont été identifiées, à des concentrations allant de 194 à 1240 µg/kg. Il s’agit de la première description d’une intoxication alimentaire humaine par cette toxine. Lien Dans un avis publié en mai 2020, l’Anses avait conclu : "Il n’a pas été possible d’établir une VTR aiguë par voie orale pour l’ATX-a car les données toxicologiques disponibles à ce jour sont trop limitées pour pouvoir caractériser le danger pour l’Homme." Lien

Étude

Italie, microplastiques, fruits et légumes

Une équipe de recherche italienne a étudié pour la première fois l’exposition alimentaire par des microplastiques en lien avec la consommation de plusieurs fruits et légumes. Les concentrations médianes observées pour les microplastiques de moins de 10 μm comprises entre 52 050 et 233 000 particules/g selon le végétal. En règle générale, les fruits étaient plus contaminés que les légumes. Les tailles médianes se situaient aux alentours de 2 µm. Les apports journaliers estimés les plus élevés sont liés à la consommation de pommes chez les enfants avec une exposition de 1,41x106 particules par kilogramme de poids corporel et par jour. L’étude conclut sur l’importance de réaliser des études toxicologiques afin de mieux appréhender la toxicité des microplastiques chez l’Homme via l’alimentation, reprenant ainsi les conclusions de l’EFSA émises en 2016 dans un avis sur les microplastiques dans les fruits de mer. Lien

 

Avis

Europe, PFAS

L’EFSA a publié le 17 septembre un avis scientifique sur les risques pour la santé humaine résultant de la présence de substances perfluoroalkylées (PFAS) dans les aliments, révisant le précédent avis de 2008 ainsi que l’avis provisoire émis en 2018. Ces substances chimiques de synthèse s’accumulent dans l’organisme et les enfants sont les plus exposés. Une notion de dose de groupe a été introduite pour caractériser l’exposition combinée à quatre substances de cette famille (PFOS, PFOA, PFNA et PFHxS). Une dose hebdomadaire tolérable (DHT) de groupe de 4,4 ng/kg de poids corporel est le seuil retenu, révisant à la baisse les valeurs établies lors des précédents avis en 2008 et 2018. Les expositions moyennes estimées pour la plupart des catégories de population, en particulier les enfants, dépassent cette DHT dans le scénario minimal (lowerband), révélant une préoccupation sanitaire. Lien

 

Avis

Allemagne, PFAS, foie de mouton et de bœuf

Suite à la publication des résultats d’une étude réalisée en Basse-Saxe, le BfR (agence sanitaire fédérale allemande) a publié un avis sur les substances perfluoroalkylées (PFAS) dans les foies de ruminants. La consommation importante de foie de mouton ou de bovin peut contribuer fortement à l’exposition aux PFAS, allant jusqu’à 39 % de la dose hebdomadaire tolérable (DHT) du PFOS chez les forts consommateurs (95e percentile). Cette évaluation de risque a été réalisée avec les DHT établies précédemment par l’EFSA (avis provisoire de 2018), lesquelles ont été revues à la baisse et réunies en une seule DHT de groupe en septembre 2020 (cf. brève ci-dessusl), suggérant une contribution plus élevée à la DHT que celle rapportée dans cet avis du BfR. Lien Par ailleurs, au Wisconsin (États-Unis), une autorité locale déconseille de consommer le foie des cerfs chassés dans une zone proche d’un site industriel et polluée par les PFAS. Lien

 

Avis

USA, PFAS, surveillance

L’USDA (Agence de l’agriculture, USA) a récemment annoncé qu'elle allait augmenter sa capacité à tester les substances perfluoroalkylées (PFAS) dans les denrées d’origine animale. En 2020, le Service de sécurité et d'inspection des aliments (FSIS) de l’USDA effectue des recherches pour seize PFAS dans des échantillons de viande de bœuf. Le FSIS va étendre ce plan de surveillance aux viandes de porc, de poulet et de poisson-chat. Il n’y a pas aux USA de limites réglementaires pour les PFAS dans les denrées d’origine animale, de même qu’en Europe. Lien Si l’avis de l’EFSA (cf.brève ci-dessus) a montré la contribution importante de la catégorie des poissons et des fruits de mer à l’exposition aux PFAS, les résultats relatifs à la catégorie de la viande et des produits carnés ne permettent pas de discriminer la contribution des différentes espèces à l’exposition de la population.

 

 

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Ce bulletin est rédigé par l’équipe de veille de la Plateforme de surveillance de la chaîne alimentaire. Il n’engage pas les membres de la Plateforme.

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