Le dernier BuSCA
BuSCA n°
146
- 11/12/2025
Editorial
Ce numéro rapporte entre autres trois études récentes, dont le bilan 2023-2025 de l’Anses sur les PFAS dans les eaux du territoire français, qui confirment l’intérêt croissant porté aux PFAS à chaîne courte et ultra-courte. Bonne lecture !
Biologique
Étude
Portugal, Anisakis spp., poissons
L’analyse de 120 sabres noirs capturés au large de Sesimbra, au Portugal, entre juillet 2023 et mai 2024, a révélé la présence de larves d’Anisakis spp. dans 100 % des spécimens, et ce quelle que soit la saison. L’étude a mis en évidence une forte corrélation entre la charge larvaire dans la cavité viscérale et les tissus musculaires abdominaux (lambeau ventral), accompagnée d’une plus grande diversité larvaire au niveau du lambeau ventral (n = 50), avec 82 % d’A. simplex sensus stricto, 14 % d’hybrides (A. simplex et A. pegreffii) et 4 % d’A. pegreffii, que dans les viscères (n = 20). Lien 1 Une autre étude menée par les mêmes équipes a confirmé une prévalence de 100 % chez 15 spécimens de merlu européen (Merluccius merluccius) capturés au large de l’Irlande, le lambeau ventral étant également la partie la plus fortement contaminée. Lien 2
Étude
Suisse, Toxoplasma gondii et Sarcocystis spp., produits carnés prêts à manger
Dans une étude menée sur 201 produits carnés crus prêts-à-manger (RTE) achetés en Suisse entre 2024 et 2025, l’ADN de Toxoplasma gondii et de Sarcocystis spp. a été détecté dans respectivement 14,9 % et 58,2 % des échantillons. Tous les échantillons positifs pour T. gondii contenaient du porc - principalement transformé en salami - alors que Sarcocystis spp. a été majoritairement détecté dans les échantillons d’origine bovine (69/81, 85 %). Les espèces zoonotiques S. hominis et S. suihominis ont été détectées dans respectivement 30 % des produits contenant du bœuf et 3 % de ceux contenant du porc. Aucun de ces parasites n’a été observé dans les produits contenant uniquement de la viande de cheval ou de la volaille. Lien 1
Biologique et Chimique
Étude
Europe, dangers biologiques et chimiques, aliments
Une analyse rétrospective des notifications enregistrées par le RASFF sur 26 ans (1999 – 2024) indique que les produits issus de l’agriculture biologique ont fait l’objet de 965 signalements dans l’UE, dont près de 75 % classés comme « risque sérieux ». Les notifications se répartissent presque équitablement entre les mycotoxines (354), les contaminants microbiologiques (311) et les résidus de pesticides (300). La majorité des notifications relatives à la présence de mycotoxines concernaient l’alimentation humaine (96 %), notamment l’aflatoxine B1 dans les arachides. Les notifications liées à des résidus de pesticides s’appliquaient également en majorité à l’alimentation humaine (97 %) et près de la moitié d’entre-elles signalaient la présence d’oxyde d’éthylène, en particulier dans les graines de sésame importées d’Inde. Les signalements de contaminants microbiologiques, majoritairement Salmonella spp. (90 % des notifications microbiologiques), étaient surtout associés à l’alimentation animale et notamment aux tourteaux (soja, tournesol). Lien 1
Chimique
Étude
Espagne, acrylamide, chips de pommes de terre
Une étude menée en Espagne rapporte que 51 % des 80 échantillons de chips de pommes de terre collectés en mai 2025 dépassaient la teneur de référence de 750 µg/kg établie par le Règlement (UE) 2017/2158 pour l’acrylamide. Les concentrations s’étendaient de 160 à 2 871 µg/kg, avec une moyenne de 890 µg/kg et une médiane de 785 µg/kg. Les chips artisanales présentaient une concentration moyenne significativement plus faible, ce qui peut être attribué notamment à des coupes plus épaisses qui limitent le brunissement de la surface des chips. En comparant ces résultats aux données recueillies depuis 2004 par la même équipe, les chercheurs ont constaté une réduction de 55 % des teneurs entre 2004 et 2019. Cependant, la médiane enregistrée en 2025 dépasse de 34 % celle de 2019. Les auteurs évoquent la variabilité des matières premières ainsi qu’une application hétérogène des mesures d’atténuation par les professionnels comme pistes explicatives. Lien 1
Étude
Italie, microplastiques, eaux embouteillées
Une étude menée en Italie s’est intéressée à la présence de microplastiques (20 – 1 000 µm) dans des eaux embouteillées (60 bouteilles plastiques, 24 briques carton) achetées en grande surface. Des microplastiques (MP) ont été détectés dans 55 % des échantillons, avec une contamination moyenne de 7,6 ± 8,4 MP/L dans les bouteilles plastiques et 6,2 ± 1,4 MP/L dans les briques carton, et à des concentrations allant jusqu’à 18,5 MP/L. Les polymères les plus fréquemment identifiés étaient la cellulose textile (78,2 %), suivie du polyéthylène (12,8 %) et du polyéthylène téréphtalate (6 %). Selon les auteurs, la forte présence de cellulose textile pourrait s’expliquer notamment par l’utilisation de membranes filtrantes à l’étape de purification de l’eau. Lien 1
Bilan
France, PFAS, eaux de distribution
L’Anses a rendu les résultats de sa campagne nationale de mesure des PFAS dans les eaux destinées à la consommation humaine pour la période 2023-2025. Les prélèvements, qui couvrent environ 20 % de l’eau potable distribuée sur l’ensemble du territoire français, portent sur un nombre quasi équivalent d’échantillons d’eaux brutes (647) et d’eaux traitées (627). Parmi les 20 PFAS réglementés (Directive européenne (UE) 2020/2184), le PFHxS (21,7 à 26,6 %), le PFOS (19,1 à 24 %) et le PFHxA (16,1 à 18,2 %) figuraient parmi les composés les plus fréquemment détectés, aussi bien dans les eaux brutes que traitées. Seulement neuf échantillons (1,4 %) dépassaient la limite de qualité fixée à 100 ng/L pour la somme de ces 20 PFAS, dont huit provenaient de sites déjà identifiés comme problématiques par les Agences régionales de santé (ARS). La campagne a également permis d’analyser 15 PFAS supplémentaires, dont cinq à chaîne ultra-courte (US-PFAS). Parmi eux, le TFA se distinguait particulièrement : présent dans 92 % des échantillons, il atteignait des concentrations maximales de 25 µg/L, liées à des rejets industriels. Ces niveaux restent toutefois inférieurs à la valeur sanitaire indicative de 60 µg/L définie par l’instruction DGS/EA4/2025/22. Le rapport souligne aussi la présence notable de deux autres US-PFAS, le TFMSA (13 % des échantillons) et le PFPrA (2 à 3 %). Lien 1
Étude
Hongrie, fumonisines, céréales et produits céréaliers<br>
Une étude menée en Hongrie entre 2019 et 2023 a analysé 677 échantillons de riz, de maïs, de blé et de produits céréaliers, prélevés au stade de la distribution, afin d’évaluer leur contamination par les fumonisines B1 et B2 (FB1/FB2). Les résultats montrent que la FB1 était présente dans presque toutes les catégories de produits, à l’exception de la farine de blé fine, tandis que la FB2 était plus rarement détectée. Les concentrations moyennes les plus élevées pour la somme des FB1 et FB2 étaient observées dans la farine de maïs (0,115 mg/kg), la semoule de maïs (0,074 mg/kg) et les produits à base de blé (0,077 mg/kg). Si l’ensemble des produits à base de maïs respectaient les limites fixées par le Règlement européen (UE) 2023/915, les auteurs estiment, en se basant sur les données de consommation hongroise, que près de 1,5 % des enfants pourraient dépasser la dose journalière tolérable définie par l’EFSA (1 µg/kg de poids corporel par jour), principalement en raison de leur consommation de produits dérivés du blé. Lien 1
Étude
Chine, PFAS, thés
Dans une étude en Chine, 17 PFAS ont été recherchés dans des échantillons de feuilles de thé disponibles dans le commerce entre 2020 et 2021 (n=220). L’ensemble des échantillons étaient contaminés avec des concentrations totales en PFAS variant de 0,013 à 24,8 ng/g (médiane de 1,99 ng/g). Parmi ces composés, le PFHxS (détecté dans 99,5 % des cas) et le PFBA (94,1 %) étaient les plus fréquents et affichaient aussi les concentrations médianes les plus élevées. Cette prédominance de PFAS à chaîne courte pourrait s’expliquer par leur utilisation croissante dans l’industrie, en remplacement du PFOS et du PFOA. Leur petite taille favoriserait également leur absorption par les racines des plantes. Cependant, les analyses des infusions préparées à partir de ces feuilles ont révélé des concentrations bien plus faibles (65 ng/L au maximum), suggérant une migration limitée de ces substances vers la boisson. Lien 1
Étude
Monde, PFAS, eaux destinées à la consommation humaine
Une revue systématique s’est appuyée sur 161 études publiées entre 2014 et 2024, afin de documenter la contamination par les PFAS dans les sources potentielles d’eaux potables (n=388) et les eaux traitées (n=50), à l’échelle du globe. Environ 80 % des sites présentaient des concentrations médianes pour la somme des PFAS inférieures à 100 ng/L, mais 6 % dépassaient 500 ng/L, avec des concentrations parfois extrêmes, reflets de contaminations locales, comme dans la rivière Xiaoqing en Chine (415 488 ng/L). Le bassin du Danube, présentait également des concentrations élevées à la fois dans les eaux du fleuve (5201-81 744 ng/L) et les eaux souterraines (5330-233 130 ng/L). La revue couvre 197 composés et montre une forte augmentation du nombre de molécules recherchées dans les études au fil des ans, avec notamment l’élargissement des listes analytiques afin d’inclure les PFAS à chaîne courte et ultracourte. Lien 1
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