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BuSCA n°139 - 5 septembre 2025
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Éditorial
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Le comité de rédaction du bulletin de veille sanitaire internationale de la Plateforme de surveillance de la chaîne alimentaire (SCA) vous présente l’actualité depuis fin juillet dans le domaine de la surveillance sanitaire des aliments. Bonne lecture !
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Évènement
France, Listeria monocytogenes, fromages
Entre juin et août 2025, 21 cas de listériose ayant entraîné deux décès ont été déclarés en France. Les investigations ont permis d’établir un lien entre ces cas et la consommation de fromages au lait pasteurisé produits par une société située dans la Creuse. Un rappel de tous les lots de fromages au lait pasteurisé de vache ou de chèvre qu’ils soient à pâte molle ou à croûte fleurie, produits par cette société a été effectué. Lien Une notification au RASFF a été réalisée le 29 août. Lien
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Évènement
Irlande, Listeria monocytogenes, plats préparés
Au 23 juillet 2025, neuf cas de listériose dont un mortel ont été confirmés en Irlande. L’enquête a révélé que l’origine de la contamination provenait de plats préparés commercialisés sous différentes marques. Les produits concernés ont fait l’objet d’un des plus larges rappels opérés récemment en Europe en lien avec la listériose (plus de 140 produits distribués sur plusieurs semaines de production). Lien
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Évènement
États-Unis, Salmonella Anatum, haricots germés
Au 22 août 2025, 11 cas de salmonellose dont quatre hospitalisations ont été signalés dans dix États américains. Salmonella Anatum a été isolée chez les patients ainsi que dans les haricots germés congelés (mungo) incriminés. Ces produits ont fait l’objet d’un rappel le 16 juillet 2025. Lien
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Étude
France, Bacillus cereus, aliments
Le groupe Bacillus cereus, également appelé B. cereus sensu lato, regroupe plusieurs espèces étroitement apparentées phylogénétiquement. Une étude visant à caractériser les espèces de B. cereus sensu lato impliquées dans 183 épidémies d’origine alimentaire survenues en France entre 2004 et 2024 a été réalisée. Au total 294 génomes de Bacillus cereus provenant de différentes catégories alimentaires impliquées dans ces épidémies ont été séquencés et analysés. Trois populations prédominent, chacune associée à un type d’aliment spécifique : B. cereus sensu stricto était associé aux plats composés (p = 0,029), B. paranthracis aux céréales (p = 0,033) et B. thuringiensis subsp. kurstaki aux salades à base de légumes (p 0,0001). Lien
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Étude
France, Clinostomum complanatum, poissons d’eau douce
Clinostomum complanatum est un parasite zoonotique présent dans les poissons d'eau douce, dont les premières mises en évidence en France remontent à 2008 puis 2019. Une étude a évalué l’infection par ce parasite chez 256 poissons d’eau douce, principalement des perches européennes collectées dans huit départements français entre 2021 et 2023. La prévalence de C. complanatum était respectivement de 13,7 et 90,6 % pour la perche européenne et le rotengle roux. Les kystes ont été majoritairement observés sur la région caudale, la zone dorsale, sur l’opercule branchial et derrière les nageoires pectorales. Les prévalences les plus élevées ont été mesurées dans les départements de l’Indre, du Doubs et de la Côte d’or. Le nombre moyen de parasites par poisson variait entre 1,8 et 5,3 pour la perche européenne. Lien
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Étude
Royaume-Uni, Clostridium botulinum, beurre d’arachide
Un cas de botulisme infantile, pathologie peu fréquente, mettant en cause la consommation de beurre d’arachide survenu au Royaume-Uni en mai 2024 a fait l’objet d’une étude. Le nourrisson avait consommé du beurre de cacahuètes grillées dès l’âge de six mois, en accord avec les recommandations nationales de 2018 visant à diminuer le risque d’allergie. C. botulinum de type A a été détecté par PCR dans le contenant usagé. La contamination pourrait trouver sa source dans la présence de spores environnementales dans les arachides crues, lesquelles ont pu contaminer le produit lors de la transformation. Lien
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Étude
Pays-Bas, agents pathogènes bactériens, fruits et légumes frais importés
Un programme de surveillance pluriannuel mené aux Pays-Bas par Food Compass, impliquant environ 240 entreprises du secteur des fruits et légumes frais, a évalué la prévalence des agents pathogènes d’origine alimentaire dans ces produits entre 2013 et 2022. La prévalence la plus élevée a été observée pour L. monocytogenes (1,37 %, 12 227 échantillons analysés), bien qu’un seul échantillon ait dépassé le seuil réglementaire de 100 UFC/g. Les agents pathogènes entériques tels que les STEC et Salmonella spp. ont été détectés plus rarement, avec des prévalence respectives de 0,11 % (n = 11 538) et 0,02 % (n = 12 601). Des concentrations élevées (>105 UFC/g) de B. cereus ont été observées dans 0,34 % des 4 954 échantillons. L’étude a mis en évidence des associations fréquentes entre L. monocytogenes et les champignons ou crucifères (comme le brocoli ou le choux fleur), ainsi qu’entre les STEC et les légumineuses ou les brassicacées feuillues. Lien
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Étude
Mexique, Anisakis spp., anchois
Dans une étude menée dans le golfe de Californie, au Mexique, 458 échantillons de trois espèces d’anchois ont été analysés pour la recherche de parasites de la famille des Anisakidae, entre 2023 et 2025. Sur toute la période de l’étude, la prévalence moyenne la plus élevée de parasites a été observée chez l’espèce Cetengraulis mysticetus (67 %), infestée par l’espèce Contracaecum bioccai, dont le potentiel zoonotique n’est pas connu. En revanche, l’agent zoonotique Anisakis pegreffi a été détecté chez 1,2 % des anchois de l’espèce Engraulis mordax (1,2 %). Aucun anchois de l’espèce Anchoa nasus n’était infesté. Lien
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Dangers biologiques et chimiques
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Étude
Europe, contaminants chimiques et biologiques, herbes et épices
Entre 2011 et 2024, le système d’alerte européen RASFF a recensé 2 876 notifications liées aux herbes et épices, dont 63,7 % classées à risque sérieux. Près de 45 % des notifications ont été émises au cours des quatre dernières années. Sept matrices se distinguent par plus de 100 notifications chacune : le paprika (18,4 %), le poivre (15 %), les mélanges d’épices (9,8 %), le cumin (7,3 %), la muscade (6,3 %), le curry (5,6 %) et la menthe (3,7 %). Les contaminants les plus fréquents étaient les mycotoxines (paprika, muscade), les salmonelles (poivre), les résidus de pesticides (curry, menthe, cumin et mélanges d’épices). Le Brésil, l’Inde et la Turquie figuraient parmi les principaux pays exportateurs impliqués. Lien
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Étude
France, dioxyde de titane, lait maternel-infantile-animal
En France, une étude a analysé la présence de nanoparticules de dioxyde de titane (TiO2) dans divers échantillons de laits: lait maternel (n = 10), lait de vache (n = 8 ) et d’ânesse (n = 1) prélevés à la ferme, lait infantile (n = 17) et lait en poudre (n = 6) prélevés au stade de la distribution. Des microparticules et nanoparticules de TiO2 ont été détectées dans 100 % des échantillons analysés et les laits infantiles présentaient les concentrations les plus élevées. Si le TiO2 présent dans les laits infantiles pourrait provenir du lait de vache, les concentrations plus élevées suggèrent une contamination lors de la transformation. Chez les vaches, l’exposition environnementale est suspectée (air, eau, sol). Dans le lait maternel, les concentrations variaient jusqu’à un facteur 25 selon les individus, suggérant des sources d’exposition multiples: alimentation, cosmétiques, environnement industriel, trafic routier, engrais. Bien que le TiO2 soit interdit dans l’alimentation au sein de l’UE depuis 2022, les auteurs appellent à un suivi renforcé de la contamination du lait en raison des sources d’exposition multiples, en particulier pour les nourrissons. Lien
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Étude
Italie, yessotoxines et acide okadaïque, moules
Entre 2012 et 2021, les autorités italiennes ont analysé 4 611 échantillons de moules (Mytilus galloprovincialis) prélevés sur la côte Adriatique. Les yessotoxines (YTX) dominaient les profils de contamination de 2012 à 2014, puis ont été remplacées progressivement par des pics importants d’acide okadaïque (OA) avec un épisode d’intoxication en 2015. Les données montrent une alternance quasi annuelle entre YTX et OA : les plus forts épisodes de contamination de l’une coïncident avec une faible présence voire une absence des autres, suggérant une compétition entre les espèces productrices. Un gradient Nord-Sud est observé, avec les concentrations les plus fortes au Nord, surtout en automne-hiver, en lien avec les apports nutritifs du Pô. Une corrélation faible mais significative entre pluviométrie et accumulation de toxines dans les moules, ouvre des pistes pour améliorer les prévisions. Lien
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Étude
Egypte, résidus de pesticides, oranges
Une étude menée en Égypte sur 12 302 échantillons d’oranges prélevés sur les marchés (2023-2024) montre une amélioration de la conformité aux LMR européennes : les dépassements ont chuté de 12 % en 2023 à 3,7 % en 2024. Les résidus les plus fréquemment détectés - l’imazalil (80 %), le 2-phénylphénol (76 %) et le thiabendazole (69% en 2023, 72 % en 2024) – proviennent de fongicides utilisés en post-récolte. Cependant, quatre insecticides interdits dans l’UE ont été détectés en 2023 et 2024 : chlorpyriphos, diméthoate, ométhoate, profénofos. Lien
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Étude
Turquie, résidus de pesticides, raisins sultanines
Une étude menée en Turquie sur 473 échantillons de raisins sultanines récoltés en 2023, rapporte la présence de 43 résidus de pesticides parmi les 268 analysés. Les résultats montrent que 98 % des échantillons contenaient des résidus de pesticides dont sept interdits dans l’UE, et 11 % dépassaient les LMR européennes. Les résidus les plus fréquents étaient des fongicides : amétoctradine (83 %), métalaxyl (80 %) et cyprodinil (68 %). Les dépassements concernaient principalement l’acétamipride (3,6 %), le famoxadone (2,7 %) et le pyriproxyfène (1,5 %). Les auteurs soulignent l’absence de chlorpyrifos, alors qu’il était détecté dans 17,1 % des échantillons dans une précédente étude (2018), en lien avec son interdiction dans l’UE courant 2020. Lien
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Avis
Europe, fluorure, aliments et eaux destinées à la consommation humaine
L’EFSA a réévalué le risque lié à l’exposition orale au fluorure via l’alimentation, l’eau potable et l’ingestion de produits d’hygiène bucco-dentaire fluorés, à la suite de nouvelles études évoquant un possible lien avec des effets neurologiques chez l’enfant. D’après des données européennes, l’alimentation et l’eau de boisson contribuaient à hauteur de 19 % à l’exposition des enfants et 66 % à celle des adultes. La contribution des sels de table fluorés s’élevait à 15 % (enfants) et 33 % (adultes) tandis que les produits dentaires ingérés contribuaient à hauteur de 75 % (enfants) et 15% (adulte). Les experts ont estimé que la fluorose dentaire demeurait l’effet le plus sensible chez l’enfant ( 8 ans) et établi ainsi une dose protectrice de 1,4 mg/L dans l’eau potable. Bien que 97 % des échantillons d’eau présentaient une concentration de fluor inférieure à 0,7 mg/L, ils estiment que la limite réglementaire actuelle de 1,5 mg/L pour les eaux non embouteillées ne protège pas suffisamment les enfants contre les risques neuro-développementaux et de fluorose. Lien
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Bilan
Europe, plomb, alimentation humaine
L’Agence européenne pour l’environnement (EEA) a récemment indiqué que les taux de plomb dans le sang de la population européenne dépassaient les seuils recommandés par l’OMS. En réponse, l’EFSA a actualisé son évaluation de l’exposition alimentaire au plomb, sur la base de plus de 280 000 résultats d’analyses dans l’alimentation (2013 - 2023) et de 55 enquêtes de consommation. Si les concentrations moyennes en plomb ont diminué dans l’alimentation entre 2004 et 2022 - réduisant l’exposition de 30 à 40 % selon les tranches d’âge par rapport à 2012 -, certaines catégories d’aliments, comme les épices, légumes transformés, herbes aromatiques et infusions, affichent une hausse des concentrations. Les produits carnés (gibier, saucisses sèches) et les céréales étaient les principales sources d’exposition chez l’adulte. Chez l’enfant, l’eau de boisson, autrefois majeure, contribue désormais peu. Les grands consommateurs de gibier pourraient atteindre une exposition moyenne de 5,18 µg/kg pc/j, dépassant largement le seuil de 0,63 µg/kg pc/j proposé en 2010 par l’EFSA en considérant la néphrotoxicité comme effet critique. Lien
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