BuSCA n°18 - 4 juin 2020

 

Éditorial

 

Chers lecteurs,

Ce dix-huitième BuSCA vous est proposé à quelques jours de la deuxième journée mondiale de la sécurité sanitaire des aliments. Lien 

Dans ce bulletin, vous trouverez un événement pour le moins inhabituel en France, avec la mise en évidence de cas d’encéphalite à tiques liés à la consommation de fromages au lait cru,

Bonne lecture

 

Dangers biologiques

 

Évènement

France, virus de l'encéphalite à tiques, fromages au lait cru

Un foyer d’encéphalite à tiques a été déclaré dans l’Ain le 28 mai 2020 par l’Agence Régionale de Santé (ARS). A cette date, le diagnostic était confirmé pour 10 des 26 cas rapportés. La contamination serait liée à la consommation de fromages au lait cru de chèvre ou de vache provenant d’une exploitation locale. Ces produits auraient été consommés par au moins la moitié des personnes malades. Le retrait des produits a été effectué. Lien 

Santé publique France (SpF) rapporte une vingtaine de cas par an d’encéphalite à tiques, essentiellement du printemps à l’automne, pour la plupart en Alsace et en Haute-Savoie. La transmission du virus de l'encéphalite à tiques se fait habituellement par piqûre d'une tique infectée, sa transmission par la consommation de lait est très rare.

Suivi

États-Unis, STEC, salades

Différents évènements liés à la contamination par Escherichia coli 0157:H7 de salades entières et préparées ont été rapportés en décembre 2019 aux États-Unis (BuSCA n°6). Les investigations de la Food and Drug Administration FDA publiées le 21 mai 2020, ont mis en évidence trois épisodes différents associés à des souches d’E. coli O157:H7 distinctes. Ceci a été déterminé par l’analyse du génome entier (WGS) des souches bactériennes. Une des trois souches a également été détectée dans un échantillon fécal prélevé dans l’environnement, à proximité des cultures de laitue romaine. Ces résultats, ainsi que les résultats de précédentes épidémies associées aux légumes-feuilles datant de 2013, suggèrent que la proximité d’exploitations de bovins serait un facteur de risque de contamination de ces cultures par les E. coli producteurs de shigatoxines (STEC). Lien 

Étude

France, SARS-CoV-2, coquillages 

Une note de l’Anses parue le 11 mai 2020 rapporte qu’en dépit d’un tropisme respiratoire, le génome du SARS-CoV-2 pourrait se retrouver dans l’intestin, dans les selles et dans les eaux usées. L’infectiosité du SARS-CoV-2 retrouvé dans les selles et dans les eaux n’a pas encore été démontrée. Contrairement au norovirus, qui a été retrouvé dans les matières organiques issues des stations d’épurations et qui peut être filtré par les coquillages une fois en mer, le SARS-CoV-2 est constitué d’une enveloppe qui le rend, en théorie, plus fragile et donc moins résistant dans l’eau. Pour s’en assurer l’Ifremer a réalisé une première étude sur 21 échantillons d’huîtres et de moules prélevés pendant le confinement en divers endroits du littoral français. Aucune trace du SARS-CoV-2 n’a été trouvée dans les échantillons testés. Cependant une seconde vague d’analyses d’échantillons, prélevés en période de déconfinement, est lancée pour confirmer ces résultats. Lien

Bilan

Australie et Nouvelle-Zélande, risques sanitaires émergents, aliments

Le rapport annuel 2019 de l’agence en charge de l'élaboration des normes alimentaires pour l'Australie et la Nouvelle-Zélande (FSANZ) alerte sur les dangers sanitaires émergents d’origine alimentaire. Les dangers actuels sont de différentes natures, ils peuvent être chimiques comme les glutamates, l’arsenic, les substances perfluoroalkylées et polyfluoroalkylées (PFAS), les alcaloïdes, ou microbiologiques comme le virus de l'hépatite A, ou encore physiques comme les microplastiques. La présence de Salmonella dans les poissons d’élevages ou les crevettes a été identifiée comme un des principaux dangers émergents par la FSANZ. Le risque serait en particulier lié à l’augmentation de la consommation de poisson cru (sushis, sashimis, ceviches). Lien 

Dans le BuSCA n°4, une TIAC à Salmonella Newport dans des écrevisses a été décrite (Suède).

Bilan

France, botulisme, aliments

Le botulisme transmis par les aliments est principalement dû à la consommation de préparations familiales ou artisanales de jambon cru et d'autres produits à base de viande de porc. Le botulisme est causé par des toxines appelées neurotoxines botuliques qui sont produites le plus souvent par Clostridium botulinum et plus rarement par C. baratii, C. butyricum ou des espèces autres que Clostridium. Cette étude rapporte les différents types de toxines botuliques d’origine alimentaire identifiées en France depuis 1987. Les cas graves de botulisme sont associés à des toxines de types A, E et F. Le botulisme de type A était rare en France avant 1997, son augmentation est liée à la consommation de légumes en conserves confectionnées de manière artisanale. Le botulisme de type E est principalement lié aux importations de conserves de poisson et de fruits de mer. Lien 

 

Dangers chimiques 

 

Évènement

Europe, perturbateurs endocriniens

La France et plusieurs partenaires européens se sont associés pour constituer des listes de substances reconnues comme perturbateurs endocriniens au niveau européen (liste 1), national (liste 3) ou en cours d’évaluation par l’Europe (liste 2). La catégorisation des substances s’appuie sur les travaux des agences nationales sanitaires belges, suédoises, françaises, danoises et néerlandaises. Ces informations sont disponibles sur un site internet dédié. Lien 

Étude

Allemagne, pesticides, mycotoxines, métaux lourds, épices

En raison de leur méthode de fabrication, de transformation et de stockage, les épices comme la poudre de chili, le poivre ou le paprika peuvent contenir des mycotoxines (aflatoxines ou l'ochratoxine A), des résidus de pesticides ou des métaux lourds. Concernant les pesticides, les dépassements des limites maximales de résidus (LMR) dans les échantillons prélevés dans le cadre de la surveillance nationale allemande en 2017 ont concerné 7,5 % des échantillons de poivre noir, 13 % du paprika et 26 % du piment. Le nombre de non-conformités pour les résidus de pesticides dans les épices a diminué en 2018 par rapport à 2017. L'Office fédéral allemand de la sécurité alimentaire (BVL) appelle à renforcer les contrôles sur ces produits. Lien 

Suivi

France, huiles minérales, lait infantile

En octobre 2019, l'ONG Foodwatch avait publié les résultats d'une étude portant sur la présence d'hydrocarbures d'huiles minérales saturés (MOSH) et aromatiques (MOAH) dans 16 échantillons de laits infantiles achetés en Europe (BuSCA n°3). Une nouvelle étude a été réalisée en janvier 2020 par deux laboratoires publics, à la demande de cette même ONG sur un plus large panel de produits laitiers infantiles. Sur 50 échantillons testés par le premier laboratoire, des MOSH ont été détectés dans la totalité des échantillons et des MOAH dans 14 d’entre eux. Le deuxième laboratoire n’a pas mis en évidence de MOAH mais des MOSH ont été trouvées dans les 12 échantillons sur 17 testés. Les différences entre les résultats des laboratoires peuvent s’expliquer par des différences entre les lots testés. Lien

  

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Ce bulletin est rédigé par l’équipe de veille de la Plateforme de surveillance de la chaîne alimentaire. Il n’engage pas les membres de la Plateforme.