Que sont les PFAS ?

Les substances perfluoroalkylées (composés perfluorés - PFAS) sont une large famille de substances chimiques (plusieurs milliers de molécules), fabriquées depuis la fin des années 1940 et utilisées dans de nombreuses applications industrielles et produits de consommation courante. Très persistants et résistants à la dégradation, ces composés sont retrouvés dans tous les compartiments de l'environnement et dans la chaîne alimentaire. Parmi ces substances, le PFOA et le PFOS ont été particulièrement étudiés, car ils sont les produits de dégradation ultime des composés perfluorés les plus utilisés.

Le PFOA et le PFOS

 

Ces substances sont notamment utilisées dans les papiers et les cartons d’emballages alimentaires comme agents antiadhésifs, mais également dans les revêtements des ustensiles de cuisine. L'alimentation est considérée comme la principale source d'exposition aux PFAS : les poissons et produits de la mer en particulier, mais également le lait et l’eau de boisson. Plusieurs PFAS sont reconnus comme polluants organiques persistants pour l'environnement et sont associés à des effets néfastes pour la santé. Plusieurs études ont indiqué que le PFOS et le PFOA ont des effets néfastes sur la santé des animaux de laboratoire : hépatotoxicité, toxicité pour le développement neurocomportemental, immunotoxicité, reprotoxicité, toxicité respiratoire, perturbation endocrinienne ; la génotoxicité et le potentiel carcinogène sont faibles [source]. En 2012 l’EFSA ne semblait pas alarmiste sur le sujet, concluant « The current review confirmed that dietary exposure to PFOS and PFOA is highly unlikely to exceed health-based guidance values ». En décembre 2018 toutefois, l’EFSA a proposé, sur la base de nouvelles données disponibles, de revoir les valeurs toxicologiques de référence pour le PFOS et le PFOA, pour lesquels les doses journalières tolérables (DJT) ont ainsi été abaissées d’un facteur 80 et 1750 respectivement ! En conséquence, pour ces deux composés il apparaît des expositions supérieures aux DJT. Une seconde évaluation étendue à l’ensemble des PFAS est attendue pour fin 2019.

Est-ce un sujet émergent ?

Medline PFASs

 

Dans Medline, le terme PFAS apparaît pour la première fois en 1976. Cependant, le nombre de publications annuelles ne décolle qu’au début des années 2000 et explose en 2012. En 2018, cela correspond à 217 publications scientifiques. Dans Google Trends, « l’intérêt de recherche » sur 12 mois par pays est très hétérogène. Il est élevé (>40) dans 4 pays : la Suède, l’Australie, l’Italie et les USA. En France il n’est que de 1. D’un point de vue temporel on note un décalage avec la recherche scientifique, le décollage étant en 2014 en Suède, en 2016 en Australie et Italie et en 2018 aux USA.

Qu’est-ce qui distingue ces différents pays ?

En Italie, le problème (ou la perception du problème) est localisé en Vénétie (région de Venise) et est connu depuis 2013. Une étude récente a identifié l’eau de boisson comme source principale, mais le lait et les œufs sont également cités. Aux USA, plusieurs articles sont publiés chaque jour dans la presse à ce sujet et les PFAS sont appelés « forever chemicals ». Ces articles concernent principalement l’eau de boisson et les sols, mais des contaminations de la chaîne alimentaire sont également évoquées. Les matrices alimentaires évoquées sont le lait, dans le Michigan, et les poissons d’eau douce. En Suède, l’eau et le poisson sont les deux sources de contamination citées. En Australie, il existe un site gouvernemental spécialisé sur le sujet, témoignant d’une prise en compte au plus haut niveau. Il semble exister un problème spécifique autour de bases d’aviation militaire (contamination par des produits d’extinction d’incendie).

En France, la veille quotidienne n’a pas relevé d’articles de presse sur ce sujet.  L’Étude d’Alimentation Totale EAT2 concluait en 2011 que le PFOS et le PFOA ne représentaient pas, en l’état des connaissances, un risque sanitaire pour la population française. En 2016, l’EAT_infantile concluait quant à elle à une exposition tolérable de la population infantile à ces deux composés, n’excluant toutefois pas de réviser ces conclusions si de nouvelles DJT étaient retenues. De nouvelles valeurs étant désormais disponibles depuis fin 2018 (EFSA), il serait intéressant d'étudier la pertinence de réviser les conclusions de ces études. Aucune conclusion sur le risque sanitaire des autres PFAS n’a pu être émise en l’absence de données toxicologiques. De surcroît l’Anses a publié un certain nombre d’avis sur les PFAS, dont le dernier date de 2017 et traite de l’eau de boisson. Enfin, ce contaminant fait partie des dangers étudiés dans la saisine CIMAP 2, de l’Anses, dont la publication est imminente.

Conclusion

L’exposition aux PFAS est un sujet d’intérêt croissant au niveau mondial. Alors que la voie de contamination principale de l’Homme est l’eau de boisson, qui n’est pas dans le périmètre de la plateforme SCA, il convient de rappeler que les aliments d’origine animale, en particulier le lait, les œufs et les poissons peuvent être contaminés via l’eau.